Le Grand débat de l'ACE des 6-15 ans

Il est temps de permettre aux enfants de débattre et de donner leur point de vue sur quatre grandes thématiques, après un travail de relecture de leurs apports faite par l’équipe du Grand débat.

Cela a été rendu possible grâce aux prises de notes des paroles des enfants exprimées lors des jeux « Ma vie d’artiste » et « La vie en couleurs » qui nous ont été envoyées.

En fonction de leur âge, les enfants n’auront pas les mêmes capacités d’expression et d’écoute, ils n’auront pas besoin des mêmes cadres. En revanche, tous ont le droit de discuter, de s’exprimer voire même de philosopher ! À nous, adultes, de nous adapter !

Plusieurs possibilités pour traiter des thématiques :

Une journée particulière, festive, est organisée et vous proposez de traiter une partie des thématiques le matin et les autres l’après-midi, qui seront entrecoupées à chaque fois par des petits jeux pour se défouler ou des temps de pause en fonction de l’âge des enfants.

Vous proposez un village « On cogite, on discute » où les enfants se déplacent dans les tentes ou les salles de la parole en choisissant pour chaque thématique un outil d’animation différent (cf. les outils d’animation). Cela évitera la redondance dans les manières d’appréhender le débat.

À chaque temps d’accueil ou séance de club vous proposez de manière traditionnelle un moment de discussion débat « On cogite, on discute »

Les étapes classiques d’un débat « On cogite, on discute » avec les enfants

Annonce de la thématique

Des grandes thématiques, 4 maxi, ressortent des apports des enfants. Nous vous proposons de les traiter indépendamment avec les enfants. Chaque thématique = un débat.

Un débat peut être suivi d’un autre dans la mesure où est respectée la durée de concentration d’un enfant. Il s’agira alors de présenter chaque thématique aux enfants, en lisant scrupuleusement la présentation proposée par l’équipe du Grand débat avant d’entamer la discussion. Exemples :

  • Annonce de la thématique > Laisser les enfants réagir entre eux
  • Présentation de la thématique
  • Lancer la discussion grâce à un questionnement

Le questionnement

Il s’agit d’indiquer les axes, les problématiques susceptibles de susciter le débat, de dégager les principales interrogations. Pourront être apportées des réponses diverses, voire contradictoires.

L’équipe du Grand débat vous proposera des questionnements en fonction de l’outil que vous aurez choisi sur le modèle des « On cogite, on discute » développés dans les revues et les Petits carnets d’activités de l’ACE.

Le débat

Plusieurs approches sont possibles :

  • l’approche déductive : en partant d’une notion (l’amitié, l’amour, la maladie), s’interroger sur sa signification dans la vie.
  • l’approche inductive : en partant d’un conte, d’un article de journal, d’un photo langage, en tirer des conséquences ayant une portée générale.
  • l’approche polémique : en partant d’un désaccord, de deux réponses contradictoires, creuser la question.
  • Une attention particulière sera portée pour que le débat ne devienne pas une « discussion de comptoir » ; il s’agit d’accompagner du mieux possible les enfants et les jeunes à réfléchir aux préjugés, aux a priori… (Cf. l’attitude à adopter en tant qu’animateur). Une attention particulière sera donc portée pour que le débat ne devienne pas une « discussion de comptoir ». C’est pourquoi il faut impérativement que le ou les animateurs du débat préparent avec précision les questionnements qui vont permettre aux enfants d’aller plus loin, de se confier sans se mettre en danger et d’expérimenter un véritable temps « d’intelligence collective ».

La conclusion ou plutôt le prolongement

Il s’agira, en tant qu’animateur, de pousser plus loin la recherche en dégageant les points sur lesquels les enfants se sont mis d’accord, les désaccords éventuels toujours en suspens ou encore de faire ressortir les thématiques nouvelles abordées pendant le débat et qui pourraient faire l’objet d’une prochaine rencontre…

On peut aussi demander à une personne extérieure, un sage, d’être présente pour écouter activement et faire une relecture de ce beau moment. Cela accentuera l’importance que l’on accorde aux paroles des enfants et à leur vie : 2 yeux et 2 oreilles rien que pour eux pendant tout le temps du débat, signes que leur parole a du prix !

Quelques conseils

La disposition de la salle

Adoptez une disposition en cercle, carré ou rectangle de manière à ce que les enfants se fassent tous face sans être trop serrés les uns aux autres et où l’animateur est intégré au groupe. Privilégier un lieu agréable dans lequel on se sent bien, ce peut-être dans une salle ou en extérieur. Les enfants peuvent être assis sur des chaises ou sur le sol si le lieu le permet donnant alors un aspect plus détendu à la rencontre.

Ne les contraignez pas à s’asseoir de telle ou telle sorte, laisse-les choisir sans donner d’instruction ni même commenter leur position s’ils préfèrent s’allonger, tendre leurs jambes ou bien s’asseoir en tailleur…

Le nombre d’enfants

Pour un débat, le nombre idéal de participants se situe entre 12 et 15 enfants. On peut évidemment mener une discussion avec moins d’enfants. En revanche, il est souhaitable de ne pas dépasser 30 enfants et jeunes par groupe.

La durée du débat

Pour les 6-8 ans : 30 minutes maximum.
Pour les 8-10 ans : 45 minutes maximum.
Pour les 11-15 ans : 1 heure et quart semble être le maximum

La gestion de la parole

Évidemment, il est bon de communiquer aux enfants lors du premier débat les bonnes pratiques pour que le débat se passe bien et de les afficher sur le lieu du débat à la vue de tous. L’animateur pourra ainsi reprendre les bonnes attitudes énoncées en début de séance s’il y a des débordements.

Pour éviter les prises de paroles en désordre et le chevauchement des interventions, l’animateur peut utiliser le « bâton de la parole » qui donne à son détenteur le droit exclusif de parler ou bien un micro qui permet de canaliser les interventions.

La présentation du scribe

Durant la préparation du débat, son organisateur demandera à un adulte de le seconder en tant que scribe, pour noter scrupuleusement les interventions des enfants. Le sribe n’intervient pas.

Il notera de cette façon :

Youness, 8 ans : « …………. ».

Si la parole de l’enfant est trop personnelle pour être partagée au plus grand nombre, le scribe prendra soin, après la séance, de ne pas laisser trace de son identité afin de préserver l’anonymat des enfants qui confieraient des éléments de leur vie trop confidentiels.

Il peut aussi proposer aux enfants de les enregistrer via un téléphone portable en leur précisant bien que cet enregistrement servira pour la retranscription papier. Cette solution, plus facile sur le moment, demande cependant un long travail de retranscription.

L’envoi des notes

L’objectif du Grand débat des 6-15 ans étant de faire entendre au plus grand nombre la parole des enfants, il est essentiel que vous envoyiez impérativement à l’équipe nationale du Grand débat vos prises de notes à l’adresse suivante : mariejulie@le-grand-debat-ace.fr.

Un scan ou une photo de vos notes (si votre écriture est lisible) sera amplement suffisant ! Nous comptons sur vous !

Les outils d’animation

Le débat à partir d’un conte, d’un album, d’un livre :

Particulièrement adaptée aux 6-10 ans, cette méthode permet de ne pas partir d’un simple questionnement, qui peut-être déroutant pour de jeunes enfants. L’équipe du Grand débat des 6-15 ans vous proposera donc pour chaque thématique au moins un ouvrage adapté.

Comment s’y prendre ? Après la lecture, on commence par échanger « à bâtons rompus » sur l’histoire qui vient d’être racontée. Le plus souvent, ce sont des questions de compréhension qui surgissent d’abord. Elles permettent de vérifier que les enfants ont bien compris l’histoire, de rectifier les erreurs, les contresens, de la situer dans son contexte.

Ensuite on se focalise sur une question précise : Pourquoi le héros a-t-il fait cela ? Que ferais-je si j’étais à sa place, pour quelles raisons ? Qui est le plus moral, le plus sage, le plus libre ?

Le débat à partir d’un dilemme moral :

On présente aux enfants une situation concrète soit en la racontant soit en la jouant. Vous lancerez alors le débat en leur demandant ce qui aurait pu se passer, ce qu’ils auraient fait, quel autre personnage aurait pu entrer en action…

De la même façon, l’équipe du Grand débat proposera une scène présentant un dilemme moral pour chacune des thématiques.

L’attitude à adopter en tant qu’animateur

Soyez sérieux

Cela ne veut pas dire que ce moment doit-être ennuyeux. Il faut impérativement que les enfants le vivent comme un moment de réflexion intense et non comme une discussion lambda du type le dernier épisode de manga regardé ou bien le dernier potin de la cour de récré.

Il faut donc être sérieux sans pour autant prendre un air grave. Au contraire, sourire permettra aux enfants de se sentir à l’aise et de vivre ce moment de partage comme un moment plaisant.

Il faut aussi que vous ayez préparé ce moment, que vous l’ayez pensé comme indiqué dans le contenu du premier point traité sur cette fiche et que vous vous y soyez vous-même préparé.

La préparation de la salle, la décoration, l’ambiance, l’accueil de chacun et la préparation du débat lui-même participent à la prise de conscience par les enfants que l’évènement est important et que leurs paroles ont du prix.

Le ton employé ne sera pas le même si vous êtes face à un petit groupe d’enfants que vous connaissez de longue date ou si l’invitation a été large. En effet, le ton sera certainement plus formel face à des enfants que vous découvrez qu’avec des enfants que vous avez vu grandir.

Recevez et n’attendez rien

C’est en pratiquant les débats avec les enfants que l’on se rend compte de la réflexion profonde par les enfants.
Mais n’attendez rien de ces débats, accueillez, recevez ce que les enfants ont à vous dire et accompagnez-les à aller plus loin en les questionnant sans être intrusif.

Reformulez et questionnez

Durant un débat d’enfants, attention à ne pas déclencher la fâcheuse manie du « je donne mon avis » ou « c’est comme ceci qu’il faut penser » car je suis l’adulte et donc « je sais ». Dans ce contexte, personne n’est réellement plus savant qu’un autre et tout le monde, même l’adulte, se met en situation d’apprenant.
Privilégiez les questionnements et les reformulations pour vérifier que tout le monde a bien entendu la même chose.

Exemples d’invitations pour creuser :

Moussa tu nous dis que ……… C’est bien ce que tu as voulu nous dire ? Oui ? Qui est d’accord avec Moussa ?
« Tout le monde est d’accord avec Chloé ? »
« Esteban que veux-tu dire par là ? »
« Youssef, lorsque tu affirmes cela, est-ce que tu veux dire que……….. ? »
« Est-ce que quand tu veux dire …………… (lorsque un enfant dit un mot familier, vulgaire ou à contresens on propose à ce moment-là un synonyme qui convient). »
Si vous voyez que la discussion patine, n’hésitez pas à sortir de votre chapeau, des questionnements que vous vous étiez notés lors de la préparation du débat.
N’ayez pas peur des moments de silence, ils sont parfois nécessaires et de toutes façons fructueux pour la pensée.

Tout envisager

Les enfants peuvent parfois être rudes sans le vouloir dans leurs mots, leurs pensées du monde. Ce qu’ils expriment peut aussi révéler des choses entendues à la maison ou dans leur entourage. Cela peut heurter. Il faut impérativement que vous vous prépariez à entendre des faits énoncés comme des vérités qui vont à l’inverse de votre éthique, de vos valeurs morales, de vos propres certitudes. Votre objectif est de permettre aux enfants d’entendre d’autres façons de penser qui ne ressemblent pas à ce qui leur a été transmis. La construction de l’être se fait au contact d’autrui.

En revanche, en tant qu’animateur, vous vous devez de faire en sorte de faire entendre tous les discours grâce à la reformulation et aux questionnements. On ne laisse évidemment pas un enfant en insulter un autre ou tenir des propos qui dépasseraient la morale. Tout cela sera évidemment noté dans les attitudes à adopter au début du débat.